La médiation animale au service d’un mieux-être

SOMMAIRE

Ce dossier a été réalisé avant la crise sanitaire. Les ateliers de médiation animale sont actuellement en partie suspendus et reprendront lorsque la situation le permettra.

 

Hors période de crise sanitaire, la médiation animale s’inscrit, de plus en plus fréquemment, au programme des activités des Maisons Perce-Neige. Loin d’être une tendance ou un phénomène de mode, cette mise en relation avec un animal participe au mieux-être des résidents et les bénéfices permettent de multiples progrès.[…]

Par petits groupes, sur site ou à l’extérieur

[…] La médiation animale fait figure d’outil précieux, notamment dans les établissements médico-sociaux, au bénéfice des adultes et enfants en situation de handicap mental, physique ou psychique. La présence d’un animal est une invitation à l’apaisement, à la distraction mais aussi à s’occuper d’un autre que soi. Cette invitation, de nombreuses Maisons Perce-Neige la proposent à leurs résidents. Les séances se déroulent en petits groupes de six à huit personnes sous la houlette d’un intervenant qualifié et en présence d’un ou deux professionnels de l’équipe encadrante.

Toutes les semaines ou une fois par quinzaine selon les maisons concernées, les résidents se rendent dans une ferme pédagogique le temps de cet atelier. Mais des professionnels peuvent aussi intervenir au sein des établissements d’accueil. C’est le cas pour Nathalie Creton, qui intervient au sein des Foyers d’Accueil Médicalisé Perce-Neige de Courbevoie (92) et de Colombes (92) en compagnie de sa chienne (un braque hongrois), de ses cochons d’Inde et de ses lapins béliers. […]

À Marseille (13), la Maison Perce-Neige collabore depuis 2016 avec l’association AMEA (Association de Médiation et d’Éveil par les Animaux). « Les deux premières années, c’est l’intervenante qui venait à nous avec quelques animaux : chien, cochon d’Inde, perruche…, se souvient Nicolas Rasquin, éducateur spécialisé et coordonnateur des ateliers. Les interventions et les bénéfices observés pour les résidents nous ont encouragés à poursuivre et à réaliser une séance de découverte sur leur site. L’association gère une ferme pédagogique à une vingtaine de kilomètres de notre foyer d’accueil médicalisé. […] » Convaincue du mieux-être apporté par cette mise en relation spécifique avec les animaux, la Maison Perce-Neige marseillaise – qui accueille des adultes avec autisme – accompagne également deux groupes de résidents à la Font-de-Mai (13) sur un vaste domaine, géré par François Jean, où se côtoient une chienne, des poules et des ânes pour un temps de médiation que tout le monde surnomme communément aux « Ânes de François ».

Une grande variété de stimulations

L’apaisement est probablement le bénéfice le plus largement cité. Ces séances canalisent, font baisser l’anxiété, génèrent du bien-être et rassurent. Les manifestations auto-agressives de certains résidents diminuent et les stéréotypies1 s’estompent. […]

La médiation animale constitue une approche globale qui participe au maintien mais aussi au développement de capacités multiples. […] La médiation animale requiert de la part des participants de la concentration et une grande attention : faire les gestes dans le bon ordre, maitriser ses mouvements, respecter les consignes, observer le comportement de l’animal…

Sur le plan psychologique, les bénéfices sont probants. La présence d’un animal permet de travailler autour des relations dites « élémentaires » : la peur, la confiance, la réciprocité, etc. […].

Sur le plan sensoriel, tous les sens sont en éveil. Le contact physique est une évidence. Ils caressent, touchent, s’imprègnent de la chaleur corporelle de l’animal, le suivent du regard, l’écoutent […]. Côté moteur et psychomoteur, la médiation animale fait travailler la coordination et mobilise les membres. Ils brossent les animaux, ils découpent les légumes avec de petits couteaux en plastique, ils font des jeux de motricité avec le chien ou clôturent la séance par une balade avec un ou plusieurs animaux.

 

1.Une stéréotypie est un ensemble d’attitudes, de gestes, d’actes ou de paroles sans signification apparente qui sont reproduits inlassablement au point parfois d’entrainer des lésions.

En matière de communication et de langage, le champ des possibles est impressionnant. La présence de l’animal incite à verbaliser, à se faire comprendre de lui, à échanger et partager avec l’entourage. […]

Une relation interpersonnelle s’installe entre eux et les animaux. « Tout est fait, explique Jérôme Michalon, docteur en sociologie et spécialiste des relations humaines-animales, pour que se construise une relation symétrique entre les humains et les animaux : la reconnaissance de la personnalité des animaux est l’occasion pour le bénéficiaire de reconnaitre sa propre personnalité, et de la respecter, et d’en prendre soin. »

Structuration, individualisation, implication

Un projet de médiation animale ne s’improvise pas. Tout au contraire, il se construit avec méthodologie et professionnalisme. C’est pourquoi les Maisons Perce-Neige s’attachent à recourir à des intervenants qualifiés, avec de l’expérience et une bonne connaissance du handicap. Au cœur, se trouve toute l’importance du travail en triangulation. Chloé Zimmer-Baué, psychologue clinicienne, intervenante en médiation animale, explique  la mécanique  : « Trois entités vivantes vont interagir : le bénéficiaire en situation de handicap avec ses problématiques, ses spécificités, ses angoisses, ses défaillances, ses espérances, ses envies et sa sensibilité, l’animal médiateur avec son éducation, son caractère et son environnement, et le professionnel formé à la pratique de la médiation animale avec ses connaissances, sa façon d’être et de faire, son vécu et ses usages professionnels. » à ce trio, chacun s’accorde à dire que la présence d’un référent au moins, issu des professionnels de la structure, est requise car lui seul connait parfaitement les résidents et peut faire une lecture fine d’un comportement, par exemple, ou d’une inadaptation.

Au même titre que n’importe quelle autre activité, la médiation animale doit s’inscrire en réponse aux besoins spécifiques de chaque bénéficiaire d’où l’importance du projet individualisé ou du projet d’accompagnement personnalisé. Une trace de ces ateliers est essentielle. Pour ce faire, Nathalie Creton a ses techniques. Après chaque séance, elle enregistre vocalement, sur son téléphone, les faits marquants puis rédige de manière hebdomadaire un rapide compte-rendu. Une fois par an, elle réalise un descriptif plus détaillé pour chaque résident. « C’est une manière de faire le point, une base pour fixer de nouveaux objectifs individualisés, pour mieux intégrer chacun dans le groupe et échanger avec le référent et la cheffe de service. Travailler avec le référent est indispensable car c’est lui qui, au quotidien, se trouve avec les résidents. ».[…]

La médiation animale est bel et bien le fruit d’une rencontre qui vient faire sens dans un contexte bienveillant, face à un être tout aussi bienveillant, l’animal, qui est dénué de jugement. L’animal est assurément un allié précieux.

 

Extrait du dossier  « Médiation animale » du Magazine Perce-Neige de décembre 2020

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